Symphonie tiède des dernières brises
l'adieu d'un train de province
déchire le silence
Sous peu
la nostalgie déserte des cours
sera rompue
On tentera vainement
d'habiter le sursis
d'emprisonner l'instant
comme ces feuilles mordorées
que l'on enchâsse
dans un cahier d'école
Mais déjà
septembre bat son rappel
et partout les figues
dans les herbes hautes
décomposent entre elles
l'œuvre de l'enfance
*
Surgie des ruines du jour
saule et vent cheveux fous
l'ombre funambule
s'est posée sur les grues
Ferrures déchaînées
à la brise de dix heures
l'ode buissonnière m'a
jeté dehors
Bientôt
la procession des feux
s'embrume disparaît
longeant les confinements rauques
J'allonge le pas
comme s'étend sa main
dépareillée aux mêmes
incertitudes
Silence sanglé d'ébène
Dieu parle bleu-nuit
à celui qui
voit.
*
L'or des lumignons
a conjuré le soir
La pluie tapote à ma capuche
et les berges me sourient
J'ai six ans à peine
Conflans est sans âge
Dans la vigueur de ses bras
je crois l'être aussi
Le ciel, sans qu'on s'en émeuve
s'est blotti contre les chalands
Courbés sur l'eau noire.
Dans la poigne du vent
(Éditions Bruno Doucey 2012)